Echapper à l’ombre et aux cauchemars
Chaque pas vers la lumière lui parut être une victoire sur lui-même. Luttant contre une nausée tenace, John s’engagea dans une longue avenue bordée d’élégants hôtels particuliers au luxe affiché sans ostentation.
L’architecture de cette avenue fut pour John comme une bouffée d’air frais pour un noyé. Il avançait par paliers d’une dizaine de mètres, et s’arrêtait, laissant son regard errer sur les fenêtres aux meneaux ouvragés, surmontées de frontons à l’alternance d’arcs de cercle ou de triangles parthéniens. Il admirait, les moulures des pilastres et des colonnes engagées, la variété des frises et des chapiteaux, la diversité des encadrements de porte, la simplicité des corniches qui cachaient habilement les gouttières et les chéneaux.
Lever la tête lui faisait perdre en partie l’équilibre, mais sans qu’il s’en rende vraiment compte, chaque détail architectural redonnait vie à ses cellules et reliait à nouveau ses neurones atrophiés d’amnésique. Il contempla longuement une série de corbelets sculptés qui soutenaient un balcon orné de délicats garde-corps en fer forgé.
Visiblement, son cerveau nécessitait le lyrisme d’ouvrages d’art pour combler le vide de sa mémoire. Une foule d’images répondait en écho à ses investigations de formes et de volumes.
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