Une bibliothèque
Quel trésor ! Pourvu que …
Heureusement, il put lire les quelques titres que son regard balaya et se rassura en devinant qu’ils étaient écrits dans une langue qu’il saurait lire. Il ouvrit une vitrine au hasard et saisit un des premiers livres que sa main approcha. Un livre sur la peinture flamande, pas son sujet préféré, mais qu’importe ! Il avisa un grand fauteuil recouvert d’un drap et s’assis, prêt à commencer sa lecture improvisée. C’est alors que s’adossant au fauteuil et levant inopinément le nez de sa future lecture, il la vit.
Elle ! Encore elle ! Mais pourquoi ?
Au plafond de la bibliothèque, une magnifique peinture à fresque s’étalait sur près de douze mètres carrés. Il reconnaissait le visage de celle qui le regardait de ses yeux de plâtre peint. Il le voyait surgir à tout instant sur l’écran intérieur de son front. Magnifique et captivante, belle et envoûtante mais tellement inquiétante pour lui ! Il ne comprenait pas pourquoi ce visage hantait ce qui lui restait de mémoire. Il resta pétrifié en la retrouvant peinte au plafond. Incapable d’effectuer le moindre mouvement, le regard vissé sur le visage du tableau, il retrouva les trois couleurs qu’elle portait, le bleu, en voile lourd posé sur sa chevelure, l’orange du manteau, le vert de la robe. Il eut cependant la force de s’apercevoir que sa mémoire n’avait pas gardée intacte la disposition de ces trois couleurs. Parfois il voyait le voile orange et la robe bleue, parfois le manteau bleu couvrait une robe verte. Assise, elle tenait un parchemin déroulé au bout de ses bras et paraissait lire de ses yeux de jade, au-delà de celui-ci, dans l’éther azuréen, quelque mystérieuse pensée.
Sibylle !
C’était le prénom qu’il attribuait à cette femme sans aucune idée de la raison pour laquelle il s’imposait à son esprit vacillant.
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