comme à chaque fois la vie revint
Et peu à peu, comme à chaque fois la vie revint, ramenée lentement
au fil des pas déroulés sur le gras des pavés. Longtemps j’errais par
les ruelles obscures à l’ombre du château. Une douleur violente,
lourde, battait mon front, je fuyais la lumière, les yeux baissés, les
épaules lasses d’une nuit oubliée. Je suivais le bord du trottoir,
guide incontestable d’une erratique perdition. D’avancer pas après pas
réveillait mon corps défunt sur le quai de brouillard. La vie revint
comme toujours habitée d’une douce angoisse. Le refrain d’une vieille
chanson d’America s’installa en boucle au fond de ma gorge.
I need you
like the flower need the rain
You know, I need You
Le
soleil poussa les toits des maisons, il écarta les façades des ruelles
et apporta une place lumineuse sous mes pas. Du bruit, des gens, des
voitures, tout bougeait en tous sens, je dus arrêter mes pas et laisser
l’agitation passer autour de moi.
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